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The Disruptive Strategist – Le métavers sera-t-il la prochaine vague d’innovation numérique ?

Des sacs Gucci aux avions, le métavers a déclenché une nouvelle vague d’innovations. Mark Hawtin, stratège disruptif chez GAM Investments, nous présente le vaste potentiel d’un marché dont la valeur pourrait représenter 1 000 milliards de dollars.

28 janvier 2022

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Des sacs Gucci aux avions, le métavers a déclenché une nouvelle vague d’innovations. Mark Hawtin, stratège disruptif chez GAM Investments, nous présente le vaste potentiel d’un marché dont la valeur pourrait représenter 1 000 milliards de dollars.

Installé dans un restaurant à Londres pour le déjeuner de Noël, je regardais autour de moi quand je remarquai un adolescent, assis à une table voisine et portant un casque de réalité virtuelle Oculus. Il semblait emballé par son cadeau, qui lui permettait de s’immerger dans une nouvelle expérience, visiblement bien plus amusante que la conversation de ses parents à table. Dans le restaurant, d’autres personnes se montraient très choquées que le déjeuner familial traditionnel ne donne pas lieu à une conversation agréable entre gens bien élevés. C’est précisément là-dessus que repose tout le battage autour du métavers : la création d’un monde en réalité virtuelle permettant de vivre une vie totalement parallèle, en se promenant avec des casques de réalité virtuelle ou augmentée (« VR » ou « AR » en anglais) sans avoir aucune interaction avec les personnes qui nous entourent physiquement mais en nous concentrant sur les personnages de notre monde virtuel. Toutefois, cet usage du métavers ne représentera qu’une infime minorité des usages concrets de cette technologie. Loin de créer un monde idéal futuriste, le métavers sera plutôt une extension naturelle du monde virtuel dans lequel nous évoluons déjà chaque jour. S’il est difficile à définir, on peut dire que, fondamentalement, le métavers est un monde virtuel dans lequel de nombreuses personnes peuvent se retrouver pour jouer, travailler ou garder le contact.

La mauvaise réputation du métavers tient, entre autres, au fait que les premiers à l’avoir adopté et ceux qui l’utilisent actuellement soient issus du monde des jeux vidéo. Demandez à n’importe qui ce qu’est Roblox, nous pensons qu’à peu près 90 % des personnes interrogées vous répondront qu’il s’agit d’un site de jeux en ligne. Posez la question à son fondateur et directeur général, David Baszucki, et celui-ci vous expliquera qu’il s’agit bien plus d’une « plate-forme » que d’un jeu. Une plate-forme sur laquelle les utilisateurs peuvent créer du contenu sans limite – la première entreprise de David Baszucki, Interactive Physics, était d’ailleurs une expérience immersive d’enseignement en ligne de la physique, qui a inspiré en partie le projet Roblox, un nom composé à partir des mots « robot » et « blocks », ce qui sous-entend une volonté de construction. Aujourd’hui, près de 10 millions de développeurs élaborent du contenu pour cette plate-forme et c’est là que le métavers commence à devenir intéressant. En tant que plate-forme dématérialisée permettant d’acquérir une identité virtuelle dans différents contextes, tels que les jeux vidéo, l’enseignement, le commerce en ligne ou l’industrie, Roblox nous donne une première idée du monde virtuel immersif qui définit réellement le métavers. Peu importe finalement le support physique pour y accéder : il peut s’agir d’un casque de VR/AR mais aussi bien d’un téléphone, d’un ordinateur portable, d’une console de jeux ou d’un autre appareil. C’est de là que vient en partie la confusion. Par exemple, Mark Zuckerberg, chez Meta (Facebook), semble souvent bien plus intéressé par l’aspect « réalité augmentée », autrement dit par le vecteur technique. Or, ce n’est pas sur celui-ci que repose la promesse immersive, mais bien plus sur la dimension sociale (au sens large) qui permet aux individus de communiquer et de travailler ensemble.

Maintenant que nous avons défini le métavers, par quels biais pourrait-il faire émerger la prochaine vague d’innovations ? Réponse : tous azimuts ! Nous estimons qu’il sera à l’origine à la fois de nouvelles sources de revenus et d’amélioration de la productivité dans un très grand nombre de secteurs : la distribution (à travers les magasins virtuels), la production et le dessin industriels, l’analyse des données en 3D, les démonstrations de produits ou les visites virtuelles, pour ne citer que quelques exemples des domaines qui profiteraient sans doute considérablement de cette technologie.

Notre gestionnaire de portefeuille spécialisée dans les actions de l’univers du luxe, Swetha Ramachandran, a réfléchi aux retombées du métavers pour les marques son secteur et, plus généralement, de la grande distribution. Il en ressort deux axes intéressants pour le commerce : le développement des marchés de biens « virtuels », mais aussi une expérience de marque plus immersive et l’impact sur les ventes d’articles physiques. Gucci a ouvert sur la plate-forme Roblox une boutique qui a accueilli 20 millions de visiteurs1; l’expérience est infiniment plus immersive qu’une page Facebook ou un clip vidéo. Voici un extrait d’une des présentations de Swetha Ramachandran consacrées au potentiel du numérique pour les marques de luxe. Selon les estimations, une centaine de milliards de dollars devraient être dépensés dans les biens virtuels en 20212 .

 
Source: https://hypebeast.com/2021/5/virtual-gucci-bag-roblox-resale, https://www.wsj.com/articles/nfts-and-fashion-collectors-pay-big-money-for-virtual-sneakers-11615829266. Les opinions exprimées ici sont celles de la gérante de portefeuille et sont susceptibles d’évoluer. Les instruments financiers cités le sont à des fins d’illustration uniquement et le fait qu’ils soient mentionnés ici ne doit pas être considéré comme une offre directe, ni comme une recommandation ou un conseil en placement. Les logos sont des marques déposées appartenant à leurs propriétaires respectifs. Ils sont utilisés ici à des fins d’illustration et leur présence ne doit pas être interprétée comme un signe de validation ou de soutien de la part de GAM.

Morgan Stanley a calculé que les potentialités du métavers au sens large pouvaient accroître le résultat d’exploitation total en dollars des marques de luxe jusqu’à 25 % d’ici à 20303. L’image fait tout, en particulier dans le monde virtuel : un utilisateur de Roblox sur cinq modifie son avatar chaque jour, ce qui témoigne du pouvoir de l’image et de la marque dans le domaine du luxe.

Adidas a récemment lancé une offre publique de jetons non fongibles (en anglais « non fungible tokens » ou « NFT », c’est-à-dire des actifs numériques uniques) au cours de laquelle 30 000 unités se sont vendues 0,2 ETH (1 ETH = env. 4 000 USD). Ces actifs virtuels changeaient de main à 0,8 ETH seulement quelques semaines plus tard4. Adidas prélève une commission de 10 % sur chacune des transactions, qui sont toutes autorégulées et authentifiées sur la chaîne de blocs (« blockchain »). Il est tout à fait possible que les ventes de biens virtuels finissent par avoir un effet mesurable sur la rentabilité.

Le dessin et la production industriels représentent un autre domaine dans lequel le métavers est appelé à jouer un grand rôle. Boeing a annoncé la création d’un monde numérique reposant sur la réalité virtuelle et augmentée pour la conception de son nouvel avion, qui aura pour objectif d’unifier « des procédures d’étude extrêmement dispersées ». Selon le directeur de l’ingénierie du groupe, Greg Hyslop, 70 % des problèmes de qualité remontent à la phase d’étude5. Il estime que la création d’un environnement 3D immersif couplé à des robots qui dialoguent entre eux et à des machines connectées par des casques HoloLens de Microsoft à 3 500 dollars permettra de rationaliser et d’améliorer significativement le processus.

Le métavers rapproche les mondes physique et virtuel dans le domaine du dessin et de la production industriels

   
Photo : PTC 2021 Investor Day. Photo à des fins d’illustration uniquement.

Ces exemples tirés des secteurs de la distribution et de l’industrie ne donnent qu’un infime aperçu du potentiel d’une innovation qui s’inscrit parfaitement dans notre thématique Digital 4.0. Grayscale a récemment publié un rapport selon lequel la valeur du marché du métavers pourrait atteindre 1 000 milliards des dollars6. Ce sera sans doute bien plus, avec l’émergence de plusieurs jeunes pousses qui s’affirmeront comme les nouvelles plates-formes gagnantes de cette version de l’internet 3.0, comme le furent les FAANG pour la génération 2.0. Si la découverte de la prochaine entreprise qui affichera une capitalisation boursière de plus de 1 000 milliards de dollars s’apparente à une chasse au gros gibier, de nombreux acteurs existants et bien installés à la tête de leurs marchés respectifs devraient enregistrer une accélération significative de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices grâce à leur présence dans le métavers. En parallèle, la capacité à analyser ces entreprises sous le prisme de la rupture technologique sera décisif pour identifier les gagnants et les perdants.

1 Source: Roblox.
2Source: Roblox.
3Source: Morgan Stanley Research.
4Source: The Verge.
5Source: Reuters – Boeing wants to build its next airplane in the ‘metaverse’ 17 décembre 2021.
6Source: Grayscale Investments – The Metaverse: Web 3.0 Virtual Cloud Economies, novembre 2021.
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Mark Hawtin

Directeur des investissements
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