Sustainable Climate Bonds: Outlook 2026
Décembre 2025 | Romain Miginiac
Les clients et les investisseurs pourraient bien se demander si nous assistons à un revirement en matière de durabilité.
Le paysage politique, en particulier aux États-Unis, est moins favorable à la transition mondiale. Le rejet politique de la durabilité aux États-Unis a conduit à la fermeture de la Net Zero Banking Alliance (NZBA), à la suite d'un exode des grandes banques américaines et de certaines banques européennes. De plus, Wells Fargo a abandonné ses objectifs de zéro émission nette financée, devenant ainsi la première grande banque américaine à le faire.
Malgré les difficultés rencontrées aux États-Unis, les banques européennes restent fermement engagées dans leurs stratégies de développement durable et ont maintenu leurs objectifs de financement net zéro et durable. La réglementation reste très favorable, car les banques de l'Union européenne (UE) et du Royaume-Uni sont soumises à une surveillance accrue en matière de gestion des risques climatiques, où le non-respect des attentes des autorités de surveillance peut entraîner des amendes et/ou des exigences de fonds propres plus élevées.
Les investissements verts ne sont pas nécessairement synonymes de rendement moindre.
Les émissions d'obligations vertes sont restées soutenues : environ 43 milliards de dollars ont été émis par le secteur depuis le début de l'année jusqu'au troisième trimestre 2025, soit une hausse de 30 % par rapport à l'année précédente et le deuxième niveau le plus élevé des cinq dernières années pour la même période. Cela témoigne de l'engagement des institutions financières de l'UE en faveur de la transition ainsi que du fort intérêt des investisseurs pour les produits verts.
Le vert n'est pas nécessairement synonyme de rendement moindre ; impact et performance peuvent aller de pair. La performance de la stratégie est soutenue par les rendements attractifs des obligations vertes senior et subordonnées des institutions financières européennes, qui offrent un rendement supérieur à celui des obligations non financières. Comme les années précédentes, en 2025, nous avons continué à observer une forte performance des obligations financières notées « investment grade » (IG) par rapport aux obligations non financières, une tendance qui devrait se poursuivre compte tenu des fondamentaux solides du secteur et des valorisations attractives.
Le « greenium » (écart de rendement entre les obligations vertes et non vertes) est très limité, de l'ordre de quelques points de base. De plus, le greenium varie considérablement en fonction de l'émetteur, de la structure du capital, de la devise, de la durée, etc. et peut même être négatif. Nous considérons donc le greenium comme un facteur supplémentaire dans notre processus de sélection des obligations. Son impact sur la performance à long terme devrait être négligeable.
Pour les investisseurs à la recherche d'un impact tangible, les obligations vertes du secteur financier européen constituent une proposition intéressante. Malgré les vents contraires aux États-Unis en matière de changement climatique, l'UE reste pleinement engagée dans sa stratégie de décarbonisation, tandis que le changement climatique reste une priorité pour la Banque centrale européenne (BCE) en tant qu'autorité de surveillance bancaire. De plus, le secteur financier finance généralement l'éventail le plus large de projets sur les marchés des obligations vertes, et ce dans trois dimensions : la géographie, le secteur et les parties prenantes (types de clients). Cela permet d'obtenir un impact similaire à celui des marchés privés (financement des PME, des particuliers, etc.) dans des obligations liquides émises par des émetteurs de haute qualité.
Nous considérons le secteur financier européen comme l'une des meilleures opportunités sur les marchés du crédit en 2026. Les fondamentaux du secteur sont solides comme le roc, avec des ratios de fonds propres records et des bénéfices soutenus par la hausse des taux. Dans un contexte d'incertitude macroéconomique et géopolitique, le secteur offre une bonne valeur refuge, par exemple en étant épargné par l'impact direct des droits de douane. Selon nous, le secteur pourrait absorber n'importe quel scénario potentiel grâce à ses bénéfices, sans entamer son excédent de fonds propres.
Romain Miginiac est gestionnaire de portefeuille chez Atlanticomnium, où il cogère les stratégies Credit Opportunities et Sustainable Climate Bond pour GAM Investments.